Qui n’a jamais rêvé de vivre les devoirs à la maison sereinement ?
Dans la réalité, c’est souvent prise de bec et autres accrochages.
Comment mettre en place des conditions pour que tout le monde trouve son compte pendant les devoirs, ces moments incontournables en famille ?
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L’apprentissage, un phénomène actif
L’apprentissage contrairement à ce qu’on pourrait croire n’est pas une superposition de connaissances qui se surajoutent les unes aux autres. Non, comme l’explique Piaget*, il s’agit d’une restructuration cognitive. L’apprenant passe par deux phase interdépendantes : l’assimilation et l’accommodation.
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a) L’assimilation
Une nouvelle connaissance vient perturber les anciennes connaissances, remettre ainsi en cause le savoir déjà construit.
b) L’accommodation
La nouvelle connaissance a complètement été intégrée dans un nouveau socle de connaissance.
Cette période, où la nouvelle connaissance vient perturber le savoir établi, peut être une période anxiogène pour l’apprenant. En effet, ce qu’il comptait pour acquis est bousculé. Par exemple, l’apprentissage des nombres décimaux ou des nombres relatifs ouvre une tout autre perspective.
c) La zone proximale de développement
L’ancien mode de pensée est donc remis en cause, des résistances peuvent apparaître.
En effet, Lev Vygotski** explique qu’il existe un moment où l’apprenant peut maîtriser des tâches, s’il est accompagné par une personne plus avancée dans ce domaine. C’est ce qu’il appelle la zone proximale de développement.
D’où l’importance du tuteur, de l’expert (que ce soit un enseignant, un parent, un enfant qui a bien compris la leçon et qui peut l’expliquer). Accompagner ses enfants à faire les devoirs ce n’est pas faire « à la place de ». C’est être une présence aimante, encourageante pour aider son enfant à atteindre ce moment où son savoir sera complètement assimilé (et accommodé).
Comment accompagner son enfant dans ses devoirs pour lui permettre d’atteindre ce stade de maîtrise avec facilité et sérénité ?
Accompagner son enfant à faire ses devoirs à la maison
Le rôle de l’accompagnant, on l’a vu, est important surtout au moment où une nouvelle connaissance est en train de se construire.
Et vous ? Comment vous viviez-vous les devoirs, enfant ?
Une question qui a son importance.
Les devoirs font ressurgir toute notre histoire, il est donc important, à vous, parents, de prendre du recul par rapport à votre propre vécu. Accompagner ses enfants à faire ses devoirs n’est pas réparer sa propre histoire par rapport à son expérience scolaire. En être conscient, c’est déjà mettre en place des bases solides pour démarrer. Prenez soin de votre propre vécu et déjouez les croyances qui l’accompagnent.
Attention aux petites phrases assassines : « t’es nul ! » (!) A proscrire, vraiment ! Et pas besoin d’explication longue : mettez-vous juste à la place de la personne qui reçoit ce genre de parole, heu franchement vous aimeriez qu’on vous dise cela ?
Les enfants sont loyaux. Et donc, ils peuvent inconsciemment se conformer à l’étiquette que leurs parents ont pu leur poser (eux-mêmes inconsciemment !).
Cet article n’étant pas fait pour culpabiliser les parents, si vos mots dérapent, reconnaissez-le et excusez-vous. Un parent ne doit pas être parfait. L’orgueil ou la fierté mal placée sont beaucoup plus destructeurs que la reconnaissance de sa propre vulnérabilité, sa faillibilité et l’effort qu’on fait pour s’améliorer.
Les enfants apprennent par imitation.
Quel monde voulez-vous contribuer à construire ?
Grandir dans ce monde, c’est mettre davantage de conscience et il n’y a pas d’âge pour arrêter de grandir. ; )
Comment vos enfants appréhendent-ils la mise en route des devoirs?
Apprentissage et émotions
J’ai remarqué trois styles émotionnels de l’apprenant par rapport à son entrée dans les apprentissages.
a) Les enfants compétitifs
Les enfants plutôt compétitifs aiment mettre des défis dans tout ce qu’ils entreprennent.
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C’est intéressant comme levier de motivation. Toutefois, si la compétition est trop envahissante, le parent doit se poser la question pourquoi son enfant a besoin de se sentir valorisé en étant le meilleur. Car croire que pour réussir dans la vie, il faut être meilleur que, écraser l’autre, c’est une fausse croyance. De qui vient-elle ?
Des peurs. Donc, parents, prenez soin de vos peurs (qui sont illusions) et écoutez celles de vos enfants.
Pensez à la face cachée de l’iceberg, que cache un complexe de supériorité ?
Accompagnez vos enfants à avoir confiance en eux sans comparaison à l’autre. Chacun va à son rythme. Ce monde s’enrichit de la différence. Apprendre à être plus tolérant envers les autres et pour soi, c’est mettre davantage de légèreté, de joie, d’amour au quotidien.
b) Les enfants projectifs
Ce sont des enfants qui se projettent négativement face à un nouveau savoir. Ce moment où la structure cognitive se remanie, les angoisse.
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Le rôle de l’accompagnant est donc de rassurer et de remettre dans la réalité : l’enfant a déjà réussi, ce moment est temporaire. L’humour peut aider à dédramatiser la situation. Sans non plus nier cet état émotionnel, car l’enfant peut rencontrer des difficultés à se remémorer qu’il a déjà vécu ce genre de situation qu’il a réussi à dépasser. Il s’agit ici de faire d’aider l’enfant à s’autonomiser pour qu’il trouve lui-même ses stratégies de réassurance. Cela peut-être un mantra à se réciter, un tableau de réussite réalisé dans une précédente activité à regarder… Écoutez votre sens créatif.
c) Les enfants contemplatifs
Une autre approche émotionnelle, face aux devoirs : le refus de faire. Ces enfants ont besoin de remettre du sens, concret, dans les apprentissages, ce n’est pas toujours évident. A vous parents d’aider à contextualiser.
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A quoi servent les matières enseignées ?
Question intéressante pour vous aussi.
Expliquez avec des mots simples et partagez votre histoire en précisant que c’est votre propre expérience unique et que vos enfants vivent la leur.
Cela permet aussi de remettre les devoirs à leur place. Souvent trop importante. Ne surestimez pas la place des devoirs.
Pour des devoirs sereins, l’état émotionnel doit être en paix. Car les émotions demanderont toujours à être écoutées en premier. L’acharnement est inutile et contre-productif.
Il faut savoir arrêter des devoirs et faire des pauses.
Comment créer de bonnes conditions pour les devoirs ?
Il est important que le temps des devoirs soit connu, cela évite d’être pris au dépourvu le dimanche soir à 20 h. Évidemment, la plage horaire des devoirs étant définie, cela n’empêche pas une certaine souplesse.
De toute façon, pour tout ce qui est éducatif, un « cadre rassurant qui donne des repères tout en étant adaptable » est un indispensable.
Les devoirs n’ont pas de sens à s’éterniser. Au bout de 20 minutes, s’il n’y a aucune avancée, il est bon de revoir sa stratégie. Soit trouver une autre explication. Soit changer d’activité. Ou tout simplement arrêter pour y revenir plus tard.
Les pauses qui remobilisent le corps (sport, mouvements, danse…) ou qui stimulent d’autres parties du cerveau (activités créatives d’expression, musiques, arts plastiques) ont toutes leur importance.
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Petites remarques sur le télétravail avec les enfants
Il est bon d’organiser sa journée en amont. Pour les plus jeunes, prévoir des activités calmes où vous n’aurez pas à intervenir lors de vos réunions.
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Travaillez à côté de vos enfants, pour pouvoir interagir avec eux quand votre présence en visioconférence n’est pas indispensable. Car l’enfant se construit à travers le regard de l’autre, d’un adulte aimant. Ça ne signifie pas de s’extasier avec emphase sur la dernière production de votre petit Picasso, cela signifie mettre en mot : commentez ce que fait votre enfant et l’émotion que cela lui procure.
Pour que les activités calmes soient supportées par des enfants dont le besoin de remuer, de courir est essentiel, vous pouvez profiter de votre pause midi pour vous balader en famille. En réchauffant les repas que vous vous avez déjà préparés vous gagnez du temps. Utilisez aussi le temps initialement prévu pour le transport pour vous organiser ou vivre des moments plaisir en famille ou juste pour vous.
Enfin, faites des pauses vous aussi, avec vos enfants. Les récréations sont indispensables pour tout le monde, remettez votre corps en mouvement, faites une pause goûter ou collation si besoin.
Stimuler sa mémoire
Une nouvelle connaissance, on l’a vue, met une certaine temporalité pour être définitivement intégrée.
Nous avons différents canaux sensoriels par lesquels passe l’information extérieure, certains prédominent par rapport à d’autres.
Pour schématiser :
- Les « visuels » se rappelleront leur leçon en les revoyant écrites, comme une photographie.
- Les « auditifs » entendront le professeur expliquer le cours.
- Les « kinesthésiques », pour qui cela passe par le corps, le mouvement auront, par exemple, besoin d’écrire leurs leçons, de faire des fiches de révisions.
Quelques outils pour renforcer la mémoire à travers ces canaux
Outils visuels | Carte mentale Orthographe dessinée Affichages |
Outils auditifs | Enregistrement de leçon (à mettre en fond sonore quand l’enfant fait tout autre chose. Apprentissage des leçons en chantant. |
Outils kinesthésiques | Danse Gestes d’ancrage |
Vous pouvez aussi établir avec votre enfant un planning de révision. Par exemple, relire la leçon le soir avant de se coucher les jours pairs une à deux semaines avant l’évaluation.
Avec ces quelques conseils, je vous invite à vivre un temps de devoirs plus apaisé :
- Déjouez vos croyances et peurs par rapport à votre propre histoire. Que font résonner en vous les devoirs ?
- Aidez votre enfant à démarrer en fonction de son style émotionnel d’entrée dans les apprentissages
- Faites du temps un atout : en organisant un planning, en prévoyant des pauses variées
- Stimulez la mémoire via les différents canaux sensoriels.
Si vous souhaitez un accompagnement personnalisé et découvrir d’autres techniques pour accompagner votre enfant, je propose des consultations de coaching parental au salon EN renaissance situé à côté de Montpellier à la limite du département du Gard, ou à distance par visio. Le 1er entretien, pour déterminer vos besoins, est gratuit.
Prenez soin de vous, tous les jours, à chaque instant.
Vous pouvez reproduire ce texte sans coupure ni modification et le partager à condition d’en citer la source : en-renaissance.com, l’auteure Clémentine Beneteau et les crédits photos : Photos de cottonbro provenant de Pexels, by Gaelle Marcel on Unsplash, by Robert Collins on Unsplash, de cottonbro provenant de Pexels, de Lisa provenant de Pexels.
*Psychologue et épistémologue, Piaget (1896-1980) psychologie de l’intelligence, Agora.
**Pédagogue, Lev Vygotski (1896-1934), théoricien de la Zone Proximale de Développement.