Les émotions de l’enfant : du bébé à l’adolescent

  • Post category:Bien-être en famille
  • Dernière modification de la publication :11 janvier 2024

Que faire quand bébé pleure ?
Comment réagir à la période d’opposition ?
Quand mon enfant pourra-t-il gérer seul ses émotions ?
Comment maintenir la communication avec mon adolescent ?

Questions légitimes que se posent de nombreux parents, qui peuvent se sentir démunis.
Dans cet article, nous verrons que les parents peuvent accompagner leur enfant à chaque âge pour les aider à gérer leurs émotions.

En effet, aider son enfant à exprimer ses émotions, à les décoder, à les calmer est essentiel pour lui. L’enfant pourra apprendre à gérer sa frustration, à reconnaître ses besoins tout en prenant en compte ceux d’autrui. N’est-ce pas les bases de bonnes relations sociales ?

Les travaux sur l’intelligence émotionnelle (*1) montrent que cette intelligence, souvent mise de côté, voire niée, est d’une importance fondamentale pour entrer en relation dans un groupe.

Le changement ne se fera que de l’intérieur.

Les émotions de l'enfant

Donc, en tant que parent, si nous souhaitons créer une société davantage empathique, il est important d’éduquer nos enfants à exprimer leurs émotions pour qu’ils prennent davantage conscience de soi et des autres.

1. Les émotions de mon Bébé : accueillir et nommer.

Bébé vient d’arriver au monde. Il va falloir une petite période d’adaptation, de rencontre pour le comprendre. Comme le renard du Petit Prince, vous allez vous apprivoiser. Pour les jeunes parents, pas de panique, vous parviendrez à décoder rapidement les différents pleurs de votre bébé. Vous devez vous accorder le temps d’entrer en relation (d’où l’intérêt des congés maternité et paternité) et d’observer votre tout-petit.

En effet, Bébé manifeste d’abord sa faim par des appels discrets, bruit de succion, mains dans la bouche puis petits cris et enfin des pleurs qui peuvent être très forts. Pour le nouveau-né, il faut répondre au plus vite, car ce mode de communication que Bébé utilise, le fatigue énormément. Il ne comprend pas non plus cette nouvelle sensation : la faim, lui qui a été nourri à volonté dans un cocon tout doux, à température idéale pendant neuf mois. Tous ses sens sont stimulés par ce monde qu’il ne connaît pas. Le bébé va petit à petit apprendre, à décoder son nouvel environnement, grâce à la présence d’adultes rassurants.

Il arrive ainsi que certains bébés qui ont passé une journée riche d’expérience, tout sourire, se mettent à pleurer à chaudes larmes en fin de journée. C’est ce que l’on appelle, les « pleurs de décharge ». Les pleurs permettent d’évacuer une trop grande tension nerveuse que son cerveau encore immature ne peut gérer autrement. Rappelez-vous, après une bonne crise de larmes, on se sent tout léger, plus zen.

Quand Bébé a mal, son cri est strident et intense et ne baisse pas en intensité.

Que faire quand Bébé pleure ?

Comment gérer les pleurs d'un bébé

S’assurer que ses besoins sont satisfaits :

  • A-t-il faim ?
  • Ressent-il de l’inconfort ?
  • Est-il fatigué ?
  • A-t-il mal ?

Si toutes ces questions obtiennent une réponse négative, Bébé a sûrement besoin d’exprimer, d’évacuer un trop-plein émotionnel par les pleurs. Le plus petit aura besoin de la présence de bras contenants, de paroles douces et rassurantes.

Pour certains parents, les pleurs sont difficilement supportables. En effet, ils viennent réveiller toute une partie de notre mémoire archaïque : comment nos propres pleurs ont été accueillis ?

Parfois, un accompagnement est nécessaire pour décoder ce qui vient de sa propre enfance et peut imprégner la relation avec votre enfant.

Retrouvez des techniques de maternage proximal et des discussions thématiques, sur le sommeil, l’allaitement en séance d’accompagnement à la parentalité.

En grandissant, votre enfant sera capable de trouver ses propres ressources pour se calmer.

Chacun son rythme.

Il s’agit ici, (et c’est toute la difficulté d’être parent), de lui donner suffisamment de confiance, de sécurité affective, pour qu’il soit prêt à agir de lui-même. Pour la gestion des émotions, c’est pareil.

2. Bambin et l’affirmation de sa personnalité

Pour l’enfant âgé de 2 à 6 ans, c’est l’âge d’affirmation de sa personnalité. Il n’est plus un tout petit-bébé entièrement dépendant. C’est le moment des grandes acquisitions : motrices et langagières. Il explore le monde et tient une conversation. Il veut prouver qu’il est grand. C’est l’âge du « aide-moi à faire seul ».

Photo de Markus Spiske provenant de Pexels

Cette période est également caractérisée par une phase d’opposition : le fameux « Non » à tout, qui entame la patience de bien des parents. En s’opposant, l’enfant s’affirme, tout en confirmant intérieurement le cadre. Oui, Bambin, veut grandir, mais il a bien besoin d’être rassuré et protégé de ce monde complexe. C’est ainsi qu’apparaissent les grandes questions existentielles et le fameux « pourquoi ? » à tout bout de champ.

Le Bambin s’amuse du langage. Il sait que c’est la manière principale d’entrée en relation des adultes. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas répondre à ses questions, mais déterminer si la réponse est vraiment attendue (hé oui, parents, vous avez le droit de ne pas connaître la réponse.) ou si c’est juste une manière de passer un moment avec vous.

Les mots ont leur importance

Les enfants ont leur propre système de compréhension qui diffère des adultes. C’est une erreur de croire que si on explique rationnellement, Bambin sera raisonnable et écoutera. Non. Il n’en est pas capable, car il n’est pas un mini-adulte. Il est au stade préopératoire (*2) : les notions de causalité, coopération, morale ne sont pas encore développées.

Expliquer ne suffit pas. Et trop expliquer peut avoir un effet délétère ! Trop parler peut faire perdre à l’enfant l’essentiel du message.

Comment faire, alors ?

Le langage est donc à utiliser à bon escient : nommer les émotions et les faits qui les accompagnent avec des mots simples en utilisant un vocabulaire et une syntaxe adaptés. L’interrogation négative ne sera comprise que très tardivement. Par exemple : « tu ne veux pas de… ?  »

En nommant l’émotion, on la reconnaît et on la met en lien avec la réalité. Le jeune enfant est encore égocentrique. Il est compliqué pour lui de se mettre à la place de l’autre. Mais, justement, en nommant l’émotion de l’autre et ce qu’il a pu ressentir, on le prépare à s’ouvrir à l’autre. C’est un apprentissage et comme tout apprentissage les répétitions sont nécessaires avant que cela soit intégré.

Etre patient avec les enfants

Donc, patience, chers parents.

Photo de Taryn Elliott provenant de Pexels

Comment résoudre un conflit entre enfants d’âge maternel ?

En nommant les faits observés et en interprétant les émotions que chacun des enfants a ressenties.
Ne tombez surtout pas dans l’erreur, d’interpréter ce que vous n’avez pas vous-même observé ! On peut vite être pris par notre propre raisonnement d’adulte et se tromper. Effectivement, il est préférable de dire : « Je n’ai pas vu ce qui s’est passé. », plutôt qu’intervenir sur des suppositions. En effet, les décisions prises sans preuve objective des faits, peuvent amener des injustices. Or, la blessure d’injustice est une blessure majeure que de nombreux adultes doivent dépasser depuis leur enfance.

C’est la période où la frustration s’apprend : différer son plaisir est difficile et peut engendrer des émotions bouleversantes.

Dans cette vidéo, je vous montre des techniques corporelles pour aider les jeunes enfants à évacuer et calmer leurs émotions.

3. Comment autonomiser son enfant dans la gestion de ses émotions ?

Aider l'enfant à être autonome

L’enfant d’âge primaire, a grandi. Plus calme, il subit moins ses émotions. En revanche, il joue de plus en plus avec ses pairs et des phénomènes de compétitions apparaissent. Ces entrées en relation se font souvent en dehors de la présence des parents, à l’école, dans les activités. C’est donc le bon âge pour que votre enfant sache comment se calmer seul.

Photo de Dominika Roseclay provenant de Pexels

Apprendre des techniques de gestion émotionnelle

Les techniques corporelles, que vous lui avez montrées, quand il était plus jeune, ne sont peut-être plus adaptées. En effet, l’enfant et le préadolescent deviennent pudiques par rapport à leurs émotions. Ils ont leur jardin secret et ne veulent pas forcément tout raconter, partager avec leurs parents.

Vous pouvez lui enseigner les techniques de cette vidéo

Maintenir la communication avec votre enfant

Votre enfant a besoin d’être écouté et compris. Il n’est pas encore un adulte, donc votre mission, en tant que parent, est de l’aider à mieux se comprendre tout en respectant le vivre-ensemble.

Les cinq commandements d’une bonne intelligence émotionnelle

Ces cinq commandements permettent de prendre conscience de ce qu’est une émotion et éviter ainsi la posture de victime : « c’est de sa faute » qui pollue de nombreuses relations. Avec ces cinq commandements, votre grand enfant est prêt cheminer avec ses émotions de manière responsable.

I. Je ne juge pas mes émotions

Les émotions sont des messages.

Voir l’article :

  • La colère : un de mes besoins n’est pas entendu, comment vais-JE m’en occuper dès maintenant ?
  • La tristesse : je constate que mes besoins n’ont pas été entendus, j’en fais le deuil, je l’accepte, je vais de l’avant.
  • La peur : mes besoins sont en danger, j’agis pour me protéger
II. Je laisse exprimer mes émotions

Pour me libérer de mes émotions, je choisis de les exprimer de manière adéquate dans le respect de l’autre, du matériel et de moi-même. Et, si besoin, j’utilise des techniques pour les évacuer.

III. Je ne culpabilise pas de ressentir

La culpabilité est un sentiment qui nous brouille avec notre authenticité. Les émotions ne se maîtrisent pas, seule la manière de les exprimer peut se contrôler. Donc, si je ressens une émotion, j’accepte d’écouter son message pour grandir, en conscience.

IV. Je demande de l’aide si je n’arrive pas à gérer seul mes émotions

Ce n’est pas un échec, je peux reconnaître que je suis bouleversé et j’ose demander de l’aide. C’est agir en me respectant. Reconnaître sa vulnérabilité, c’est reconnaître son humanité, sans jugement négatif. Il ne s’agit pas d’être fort au risque de nier ses émotions, mais d’accepter ce que l’on ressent pour mieux rebondir.

V. L’autre n’est pas responsable de mes émotions

Ma propre interprétation du réel m’amène à ressentir cette émotion. L’émotion est donc un message que je dois écouter. L’autre, comme un miroir, est seulement un révélateur du travail personnel que je dois entreprendre pour être en paix avec moi-même.

4. L’adolescent et ses émotions

L'adolescent a du mal à faire face à ses émotions

L’adolescence, est une période délicate. Les hormones bombardent le cerveau de votre enfant. Ses émotions sont donc plus intenses. Votre enfant est à fleur de peau.

Plus sensible, il se vexe facilement et peut pousser de fortes colères. Comme à deux ans, sa personnalité s’affirme. Mais quand Bambin jouait avec le cadre des parents qu’il intégrait, l’ado est en train de forger et d’affirmer ses propres opinions qui peuvent être complètement différentes de celles de ses parents. A cet âge, son développement cognitif, lui permet d’établir des relations entre la réalité et la possibilité. C’est donc une deuxième grande période de frustration, voire de désillusions.

Écoutez votre adolescent

Votre ado a moins besoin de conseils, mais davantage d’écoute. Car c’est lui qui va trouver ses solutions. En tant que parent, vous pouvez apporter votre vision pour expliciter le réel, mais respecter la sienne.

Comme les bouleversements hormonaux peuvent vraiment jouer sur l’humeur de votre adolescent, il est parfois utile de rappeler des règles. Des lois universelles existent dans toute société, même la plus petite, la cellule familiale : ne pas blesser autrui, ne pas vandaliser, ne pas se blesser soi-même.

L’adolescence est le moment où le jeune veut se prouver à lui-même sa force. C’est la période où les conduites à risques sont les plus importantes. Le jeune se soumet lui-même à l’ordalie (*3). Par un acte dangereux, il veut se prouver sa valeur. En effet, cette période de profondes et rapides transformations physiques et psychiques, peut entraîner une fragilité dans sa construction identitaire, une estime de soi (*4) flageolante.

D’où l’importance de garder une communication avec votre enfant, même si vous ne le comprenez plus. Si vous vous sentez dépassé, comme ce que vous avez enseigné à votre enfant d’âge primaire, n’hésitez pas à vous référer au commandement n°4, vu plus haut et demandez de l’aide.

En résumé

Bien accompagner son enfant à gérer ses émotions, c’est :

  • Reconnaître et nommer ses émotions
  • Offrir un cadre rassurant, dans lequel l’enfant sait que ses émotions pourront être accueillies avec respect.
  • Aider son enfant à se calmer et lui inculquer des limites, des interdits, qu’il intégrera pour parvenir à maîtriser ses pulsions et exprimer ses émotions de manière adéquate.

En guise de conclusion

Accompagner ses enfants à gérer ses émotions n’est pas un long fleuve tranquille. Car nos enfants sont de fabuleux miroirs (inconscients) qui peuvent venir révéler nos propres blessures, nos propres limitations. D’où l’importance de cette prise de recul par rapport aux émotions de nos enfants. En cas de sur réaction, d’une attitude démesurée, il est bon de se demander pourquoi cela résonne aussi fort en nous ?

L’important n’est pas la destination, mais le chemin.

Ce cheminement incroyable pour épurer toutes les croyances limitantes et se retrouver au meilleur de soi, entièrement dans la bienveillance et l’acceptation.

Être parent, c’est accompagner un petit d’homme à devenir un adulte épanoui, autonome et responsable. Un adulte différent de nous et respectable. Quelle mission !

Si vous l’aidez à trouver ses ressources pour écouter et apaiser ses émotions, à réagir plutôt que de subir, vous lui offrez un formidable bagage de développement personnel.

Être en paix, serein, attentif à ses émotions, c’est mieux se connaître. Cela entraîne un état d’esprit positif, actif, donc avec davantage d’auto-motivation (*5). Les prises de décision sont facilitées. L’empathie permet de vivre également des relations humaines plus harmonieuses.

Quel fabuleux programme !

Références

*1 Daniel Goleman, psychologue américain, a théorisé le concept d’intelligence émotionnelle qui peut se développer dès l’enfance. Cette intelligence permet de créer des aptitudes pour entrer en relation avec les autres. Elle s’articule autour de plusieurs notions clé : la conscience de soi, la maîtrise de soi, la motivation et l’empathie.

*2 D’après la théorie de la construction de l’intelligence de Jean Piaget, stade de l’enfant âgé de 2 à 7ans, au cours duquel l’enfant acquière la fonction symbolique et où sa pensée reste égocentrique.

*3 Épreuve douloureuse voire potentiellement mortelle, dont l’issue théoriquement déterminée par une divinité, permettait de conclure à la culpabilité ou à l’innocence d’un suspect.

*4 Jugement que l’on porte sur soi, indépendamment des actes, à ne pas confondre avec la confiance en soi qui est la croyance en ses capacités à agir.

*5 Motivation intrinsèque, la motivation durable qui vient de l’intérieure, contrairement à la motivation extrinsèque, extérieure, la récompense, qui a une influence modérée et à plus court terme.

Pour aller plus loin

  • L’intelligence émotionnelle Daniel Goleman, J’ai lu Bien-être
  • Être parent avec son cœur, Inbal Kashtan, Jouvence Éditions.
  • Au cœur des émotions de l’enfant, Isabelle Filliozat, Marabout.
  • Mon bébé comprend tout, Dr Aletha Solter, Marabout.
  • Que faire quand bébé pleure, Williams Sears, M. D. LL.
  • Dites-moi à quoi il joue, je vous dirai comment il va, Sophie Marinopoulos, Marabout.
  • Papa, maman, écoutez-moi vraiment, Jacques Salomé, Albin Michel.
  • Les enfants viennent du paradis, John Gray, Michel Lafon.
  • Savoir communiquer avec les adolescents, Edith Tartar Godet, Retz Éditions.
  • Les mots sont des fenêtres, Marshall B. Rozenberg, La découverte.

Prenez soin de vous, tous les jours, à chaque instant.

Vous pouvez reproduire ce texte sans coupure ni modification et le partager à condition d’en citer la source : en-renaissance.com, l’auteure Clémentine Beneteau et les crédits photos Markus Spiske, Taryn Elliott, Dominika Roseclay provenant de Pexels.